mercredi 24 novembre 2010

[Album] Ed-Äke - Decadence & Poetry

Après la sortie en 2007 de leur premier album explosif, Ed-Äke ont tourné en France et un peu ailleurs, et nous sont revenus à Paris avec de nouveaux morceaux dans la poche. Le deuxième album est sorti en mars 2010, et évidemment je fus une des premières à me ruer à la Fnac pour me le procurer. Entre temps je n'avais pas eu l'occasion de les revoir en concert, donc j'étais resté sur l'impression que je vous ai livrée dans mon précédent article. C'est en toute hâte que j'écoutai ce CD, mais bon dieu qu'il m'a fallu du temps avant de pouvoir en pondre une critique ! Difficile d'être objective au début, et, paradoxalement, c'est après l'avoir testé plusieurs fois en concert que j'arrive à être un peu plus objective.

Singing Like a Rifle ouvre cet album. Si le premier album se clôturait par un calme après la tempête, avec ce titre j'ai envie de croire à un calme avant la tempête.... Morceau calme ou l'instrumental n'est là que pour mettre en valeur le chant de Dym, qui a visiblement mûri et s'est encore amélioré. Je suis un peu déboussolée par l'enchaînement avec Shot Down in Pieces : dieu que c'est lisse ! Moi qui m'attendais à une suite un peu crade et grunge, à l'image de l'album précédent finalement, je comprends que c'est râpé pour cet album. C'est ici un son rock soigné, et qui fait mouche. Le traitement du son est donc bien meilleur : je redécouvre par exemple avec joie les lignes de basse de Julien. Globalement ce deuxième titre est bon, malgré le changement de cap apparent.
Le troisième titre est le single de cet album : Cakes & Cherries (Goodbye Yesterday), pour lequel un clip a été tourné. Alors que j'avais trouvé le clip du premier album un peu brouillon, celui-ci m'a scotché : tout dans l'humour, dans le ton de la chanson qui est à la fois joyeuse et mélancolique. Le morceau en lui-même est très très chouette, une future bombe en concert avec ses "Hey!" le poing levé et chanté en chœur ! Assez bon représentant de l’album, ce single signifie à lui-même les changements, tout au moins une partie, qui ont été opérés au sein des compositions : plus propres, mais aussi plus élaborées, aux influences plus variées.
Radio Jesus vient confirmer ces impressions. Titre qui démarre sur un chant posé et tranquille, tout s’enflamme d’un coup dans le refrain. Sans réussir à déterminer clairement les influences du morceau, ça sonne très « pro », et à défaut d’avoir envie de headbanguer à l’écoute de ce titre, on a très envie de se laisser porter par le flot, je suis à la fois bercée par la voix et secouée par l’instru, avec son côté mélancolique très accentué.
Sans transition, Electric Avenue est le titre bienvenu pour nous réveiller les esgourdes. Si d’un coup vous avez envie de swinguer et de balancer votre tête dans tous les sens à l’écoute de cette chanson, c’est normal :D Malgré le changement de registre par rapport à la chanson précédente, on reste dans une ambiance rock un peu oldies qui n’est pas déplaisante, au contraire. Les riffs sont énormes, c’est tout à fait jouissif et en concert ça dépote pas mal.
Et puis là, débarque LE « critic fail » de l’album, à mes yeux. LA BALLADE NIAISE. Mon dieu, j’en ai à peine cru mes oreilles en entendant ça. Cry Away my Love est tout ce que j’abhorre dans le monde de la musique : la ballade à la guitare folk avec des paroles bien dégoulinantes. On peut aime ou ne pas aimer ce genre, moi j’ai choisi mon camp, et j’étais ultra choqué d’entendre ça de la part de mes Ed-Äke. Mais soit. Je la zappe ^^; Quand ils la jouent en concert je ronchonne, mais que cela ne vous empêche pas de l’apprécier si vous l’appréciez, hein !
D’autant que juste après c’est un morceau que j’adore, un de mes préférés de l’album : Fix. Même recette que Radio Jesus : début posé, puis grosse explosion dans le refrain, mais avec une puissance dix fois supérieure. Le genre de chanson que je vais écouter à fond les ballons, voyez. Un refrain pas difficile à retenir mais foutrement efficace, une guitare qui déboîte et toujours cette voix qui, si on regrette qu’elle gueule moins que dans le premier album, n’en reste pas moins diablement puissante.
Heads or Tail, si le titre fait rire ça n’en reste pas moins un morceau très intéressant, toujours dans la même lignée des précédents, mais toujours efficace. Le « plus » ici ce sont les petits moments « solos », où l’on s’éloigne enfin de la voix en tant que point central des morceaux, et ou l’on redécouvre que les autres musiciens ont un putain de potentiel. Sold Five Dollars est, il me semble, un des titres les plus appréciés parmi les (nouveaux ?) fans du groupe. Pour ma part je le trouve plutôt inintéressant, dans la mesure où, à part le petit solo vers le milieu du morceau, la composition est trop répétitive à mon goût. Pourtant c’est énergique, ça envoie, dites comme vous voulez, mais en concert ça ne décollera pas. A côté de ça, The World Through my Eyes me donne une pêche incroyable ! Les couplets, où la voix est quasiment à capella sur le début sont dynamiques, la basse y est un peu plus présente que sur les autres morceaux je trouve et ça ajoute quelque chose. Le refrain est explosif et ça par contre en concert ça accroche à fond. You Don’t Know Me fait également partie de mes préférées : elle met de bonne humeur, un petit solo bien agréable au milieu, un air qui reste dans la tête et toujours cette ambiance de vieux rock qui ressort et qui fait du bien.
Deep in the Valley est le titre type des fins de concerts, en tout cas de ceux que j’ai faits récemment. Morceau sympathique et efficace, même s’il ne remporte pas mes suffrages car je n’accroche pas tant que ça au refrain. Pourtant ça bouge bien, mais il y’a un truc qui me dérange sans réussir à mettre le doigt dessus. Il n’y a que la partie solo de guitare qui m’enthousiaste réellement.
Enfin, l’album se clôt sur Happiness. Il fallait tout de même UN bijou dans cet album, et il s’est fait attendre :0 Un peu le deuxième pendant de Singing like a Rifle, si on doit l’associer à un autre morceau de l’album. Je trouve que c’est sur ce titre que l’instru a été le plus travaillée, tout est mélodieux, harmonieux, et surtout très beaux. Les paroles sont abstraites mais chacun peut y mettre ce qu’il veut après tout, moi ça me parle pas mal… C’est LA chanson que j’attendais finalement, celle qui réussit à me remuer les tripes comme j’avais pu les avoir en écoutant le premier album. Mélancolique et même plutôt déchirant, je veux que le prochain album soit sur ce ton. Qu’il mêle la précision technique des autres morceaux de cet album, et l’émotion de ce dernier.

C’est ainsi que je conclurai ma note sur cet album. Un peu en demi-teinte, pour plusieurs raisons : le manque de cohérence dans l’enchaînement des titres, par exemple. Là où « In Loving Memory… » avait réussi, à savoir, nous dérouler quasiment une histoire en une quinzaine de chansons, « Decadence & Poetry » nous aligne les titres sans chercher à nous raconter quoique ce soit. De même, je regrette que le côté brut et décoffrage & rock qui tâche ait été mis de côté au profit d’un rock propre et sans ratures, même si techniquement il n’y a rien à redire, ça manque d’un petit quelque chose, du piment, dont l’opus précédent ne manquait pas. Voilà, je ne peux que vous encourager à écouter par vous-même ce groupe, qui recèle un potentiel énorme. Je parie que le prochain album va m’étonner encore plus que celui-ci ne l’a fait. Reste plus qu’à espérer que ça soit dans le bon sens.

Les loustics seront, sauf changement de programme, en showcase le 26 novembre à la Fnac de Cergy, je vous encourage donc très très fort à y aller pour découvrir quelques un de ces titres en live, et rencontrer ces garçons qui sont fort sympathiques :)

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